Mikel Elexpuru, un monteur Basque d’exception
En 2011, alors que j’étais encore technicien de l’AAPPMA de la Nive, j’ai rencontré un pêcheur du Pays Basque hors du commun, Mikel Elexpuru. Vous me direz, mais qui est-ce ? si vous prononcez son nom dans le monde de la compétition mouche en Espagne, vous entendrez alors tous les superlatifs sortir de la bouche de ces pêcheurs sportifs. Originaire du Gipuzkoa, Mikel est un monteur de mouche professionnel de classe internationale depuis plus de 20 ans. Régulièrement, il apparaît dans les émissions de « Caza y Pesca », le pendant de la chaîne Seasons en Espagne. Sa connaissance de l’entomologie et du comportement de la truite lui permet de pousser à son paroxysme l’efficacité de ses montages, basée sur l’attractivité de chaque modèle. Il accorde une attention toute particulière à la lumière et au contraste que renvoient les matériaux qu’il sélectionne et utilise. Son crédo : efficacité, attractivité et résistance.
De mars à septembre et depuis des années, Mikel teste ses mouches 3 jours par semaine sur le bassin des Nives. Il considère que les truites des Nives sont bien plus compliquées à séduire que celles des autres provinces du Pays Basque et d’Espagne en général. La méfiance des panthères des Nives n’est pas une légende! Mikel vend des mouches dans le monde entier et tous ses modèles sont élaborés et validés sur les Nives. En plus d’être un excellent monteur, c’est aussi un pêcheur d’une efficacité redoutable que beaucoup de locaux ont plaisir à regarder. J’ai déjà observé à plusieurs reprises des pêcheurs le suivre pour récupérer les mouches qu’il perdait dans les arbres, c’est dire ! Allez donc visiter son site internet
La pêche à la nymphe s’est considérablement démocratisée ces dernières années et Mikel est particulièrement reconnu pour les modèles qu’il met au point. Avant même que le mot « perdigón » (référence au plomb de chasse) apparaisse dans notre jargon, Mikel avait déjà baptisé certaines de ses imitations « balín » (balle de carabine). Selon lui, l’origine des « Perdigones » ne serait d’ailleurs pas Espagnole mais Française (un point que je chercherai à éclaircir prochainement)! Un certain Pascal Cognard aurait enseigné à certains pêcheurs espagnols, les caractéristiques mécaniques de ces modèles. Bien avant cela, PIAM a sans doute été le premier à avoir remarqué la différence entre un corps lisse et un corps « poilus »
En constante réflexion et remise en question, Mikel est plébiscité par de nombreux compétiteurs de haut rang. Ici au Pays Basque, de grands champions ayant tous participés à des championnats européens et/ou mondiaux, pêchent avec ses mouches et sont irrémédiablement convaincus de leur supériorité par rapport aux modèles qu’on trouve communément sur le marché ou dans les boîtes des « nympheurs ».
Inaki Munoz (Champion du monde par équipe en 2018, Champion d’Espagne par équipe en 2017, Champion d’Euskadi Lac et Rivière en 2017 et 2018)
Ander Perez Larruskain : (vise champion d’Europe individuel et en équipe en 2014, Champion d’Espagne individuel en 2019, 2 sélections en championnat du monde).
Julen Aguado (champion d’Espagne rivière en 2018, champion d’Euskadi rivière en 2019, médaille de Bronze par équipe au mondial de Tasmanie en 2019)
Arkaitz Martin Rollan (2 sélections en championnat du Monde Ecosse et Pologne, champion d’Espagne, nombreux podium sur les compétitions nationales)
Si mes quelques années en compétition nationale m’ont appris que les boîtes à mouches de nos champions français ne cachent aucun modèle miracle, cette unanimité des compétiteurs du Pays Basque pour les modèles de Mikel, parle d’elle-même. L’explication est toute trouvée et il est claire que le savoir faire de Mikel permet à nos champions basques de faire la différence d’année en année sur les compétions régionales, nationales et même plus.
Je parlerai ici que de quelques modèles et uniquement de nymphes mais Mikel excelle également dans la confection des mouches sèches.
Les « perdigón » ou « balín »
L’intérêt premier de ces modèles est qu’ils possèdent un corps lisse dépourvu de toute « aspérité » pouvant avoir une quelconque résistance dans l’eau (effet parachute). Cette caractéristique permet à l’imitation de descendre plus rapidement dans la colonne d’eau qu’un modèle dont le corps serait monté avec des poils (lièvre) ou une plume enroulée (faisan). Cela permet de pêcher, à profondeur égale, avec des mouches plus petites donc plus « pêchantes ».
Ce corps lisse est obtenu par l’utilisation de matériaux de montage naturels ou synthétiques également lisses. Les matériaux utilisés sont ensuite vernis pour accentuer l’aspect lisse, augmenter la brillance et surtout pour garantir la solidité du montage soumise à rude épreuve dans la gueule des truites.
Mikel, explique que beaucoup trop de personnes utilisent, à tort, la résine UV pour vernir leurs mouches. En effet, la résine UV est poreuse, polymérise bien trop rapidement et opacifie les couleurs et le brillant des matériaux utilisés. Pourtant, on cherche bien à conserver ces caractéristiques pour attirer l’œil de nos chers salmonidés. Alors pourquoi faire le contraire? Mikel utilise un vernis dont il applique 4 couches sur chaque mouche. Il y a 24 heures de séchage entre les 3 premières couches et 5 jours après la dernière. Je vous laisse imaginer le travail ! Mais selon lui, c’est un passage obligé pour garantir la qualité et l’efficacité.
Les perdigon « has been » ??
L’utilisation de ce type de nymphe est assez exponentielle depuis quelques années. Il est donc facile de comprendre que sur les parcours où la pression de pêche est forte, les poissons commencent à saturer. C’est surtout la vitesse de descente des mouches dont les truites commencent sérieusement à se méfier. C’est pourquoi aujourd’hui, on voit apparaître dans les boîtes des spécialistes comme Mikel, des nymphes « émergentes » sur lesquelles le thorax et le sac alaire sont montés de façon plus imitative avec des matériaux plus « planant » dans l’eau. Ainsi, la vitesse de descente dans la colonne d’eau est légèrement ralentie. C’est en quelque sorte un moyen de proposer quelque chose d’intermédiaire entre une mouche au corps poilu et un perdigon au corps lisse mais bien plus attractif grâce à l’effet des matériaux utilisés.
Les matériaux, quelques grandes lignes d’utilisation
De la même façon que les cadors de la pêche aux leurres comme, Mikel explique l’importance des contrastes apportés par l’agencement des matériaux en fonction de la luminosité, de la turbidité de l’eau et de la couleur du substrat. En toute logique, on aura tendance à utiliser des modèles montés avec des matériaux translucides qui laissent passer la lumière, les jours de grand soleil et/ou dans l’eau très claire. A contrario, il faudra utiliser lors des journées « sombres » ou dans des conditions d’eau teintée, des modèles montés avec des matériaux opaques qui auront tendances à renvoyer le moindre rayon de lumière. Toute la subtilité réside dans l’agencement des matériaux permettant d’obtenir des variantes de contraste sur les différentes parties de la mouche (arrière, milieu et avant du corps, thorax etc).
Tous les modèles de Mikel occupent une bonne partie de mes boîtes à mouches pour les stages de pêche en Pays Basque. Une façon de vous proposer encore plus d’expertise et de précision lors des guidages avec des mouches élaborées, testées et approuvées ici sur nos rivières.